ERODIUM
Avec Vincent Dedienne
et Chawki Derbel, Lucie Donet, Alix F.Pittaluga, Judith Rutkowski.
Mise en scène : Sarah Seignobosc
Conception son et lumières : Vincent Monerri
Scénographie : Caroline Ronceret
Graphisme : Fabien Loïacono
Collaboration artistique : Alix F.Pittaluga
Conseils chorégraphiques : Anne-Sophie Fayolle
Conseils costumes : Léa Rutkowski
Chargés de diffusion : Fanélie Jocteur-Monrozier et Tiphaine Caron
Création : Du 12 au 25/11/2012 , dans le cadre du Festival Balises à Lyon ; les 9, 10 et 11/05/2012, au Théâtre Le Verso, scène soutenue et conventionnée par la ville de Saint-Étienne, le Département de la Loire, la Région et la DRAC Rhône-Alpes.
Le spectacle a reçu l'aide du Ministère de l'Éducation et de la Jeunesse, les soutiens de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon, du Théatre Le Verso, du Théâtre des Clochards Célestes, d'associations et de mécénat de particuliers.
MAIS TOUS LES CIELS SONT BEAUX
D’après Cytomégalovirus (Journal d’hospitalisation) de Hervé Guibert,
publié par les Editions du Seuil et les Editions Points
Et d'après des extraits des romans Des Aveugles, Le Paradis, Le Protocole compassionnel, publiés par les Editions Gallimard.
RÉSUMÉ
Un écrivain, atteint du Sida, est hospitalisé pour traiter un "cytomégalovirus", une maladie opportuniste qui affecte progressivement la vue. Son séjour durera trois semaines pendant lesquelles il tient un journal, acte littéraire ultime.
Jour après jour, il décrit son quotidien, sa vue qui se brouille, son corps qui s'épuise. Il ironise, tendre et vachard à la fois, sur son rapport avec les médecins, les aides-soignantes, les infirmières, toute cette « armée de femmes ».
Et l’espace de la chambre d’hôpital, « cet enfer », devient un Monde pour l’écrivain, son Monde. L’extérieur n’existe plus ou sinon réduit aux seuls bruits du couloir et à cette portion de fenêtre par laquelle toutes les projections et toutes les imaginations sont possibles, jusqu'aux plus exotiques. D’autant que le médicament qu’on lui transfuse a pour effet indésirable de provoquer des « rêves anormaux ».… Jayne, l'héroïne de son dernier roman, vient lui rendre visite. Elle l'invite au voyage.
POURQUOI PLACER CE TEXTE SUR UN PLATEAU DE THÉÂTRE ?
Hervé Guibert a placé la maladie au cœur de son œuvre, la disséquant, se disséquant lui-même et disséquant ses proches. Il s’est toujours amusé à confondre la fiction et la réalité, donnant ainsi ses lettres de noblesse à un genre nouveau : l’ autofiction.
En mettant sur le devant de la scène la mort « jeune » et la maladie qui vient la précipiter, son journal ouvre des questionnements universels sur la solitude, la souffrance physique et morale, la spiritualité, le néant, et marque la rencontre du personnel avec le collectif.
Le spectacle est à la fois une critique acerbe du milieu hospitalier, une chronique douce et drôle des liens intimes qui unissent malades et soignants, une photographie « au plus près de la mort » d’un homme qui écrit ses derniers mots et un plaidoyer en faveur de l'imaginaire.
Sarah Seignobosc.
PAROLE D'UN SPECTATEUR ET HOMME DE THÉÂTRE
« C’est un conte de fée qui raconte l’histoire d’un beau prince qui va se marier avec la Mort. Il aime la vie, le corps des autres, de tous les autres, mais pas que leur corps, il aime à les aimer simplement, autant que les mots qu’il choisit, dissèque, fait tourner sept fois dans sa bouche et dans sa tête avant de les susurrer… Dans son voyage vers la Mort il rencontre des fées, bonnes et méchantes, et il aime beaucoup faire la différence ! Il a aussi des rendez-vous sous la lune avec sa muse, splendide jeune femme laiteuse.
Et depuis sa chambre d’hôpital, il se raconte des histoires, histoire de ne pas s’ennuyer, de ne pas souffrir, d’éloigner le spectre de la peur. Mais surtout, il ne s’apitoie jamais, il laisse ses parents loin de ce voyage pour ne pas les gêner, se protéger aussi de leur affection envahissante… Et comment leur raconter qu’il va se marier avec la Mort ? Ils ne comprendraient certainement pas.
Les jours coulent, pas toujours tristement, il lui arrive gronder ses fées qui n’ont aucune idée de l’éthique et qui décident de faire la grève, il lui arrive de s’effondrer au pied de son lit, alors ses fées qui ont repris le travail le relèvent, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, roses ou jaunes, dans leur tenues de papier volant, papillons de jour ou de nuit, compagne ou compagnon non choisi…
Et sa Muse revient le bercer… Et ses mots nous bercent… Ce ne sont pas des vers pourtant, c’est juste un journal égrainé doucement comme une comptine. Et on se dit : mais quel poète se cachait derrière l’élégant jeune homme au chapeau. Et il faut bien rire avec lui, avant qu’il ne s’accroupisse, dos à nous, tordu par la douleur et regardant une dernière fois la lumière.
Il a disparu.
Mais le dialogue avec lui continue longtemps après le spectacle. »
Jean-Claude Berutti, metteur en scène.
DES DEBATS ONT ÉTÉ PROPOSÉS À L'ISSUE DES REPRÉSENTATIONS, en compagnie de
Philippe Sarnin, Maître de Conférence en Psychologie du Travail et des Organisations. Ses recherches, menées au sein du Groupe de Recherche en Psychologie Sociale (GRePS), concernent les différentes formes de souffrances au travail et les rapport entre santé et travail.
Sylvie Servoise, Maître de Conférences en Littérature Comparée à l'Université du Maine et rédactrice en chef de la revue Raison Publique, en charge du pôle « littérature, arts et cultures ». Elle est coordinatrice du dossier « l'art de l'intime », publié dans la même revue.
Actis, association de lutte et de prévention contre le Sida.